Seaworld riposte

Seaworld riposte

Il était temps ! Après avoir refusé plusieurs fois d’être interviewés pour le film-documentaire « Blackfish » , SeaWorld riposte enfin et se défend sur plusieurs arguments. Voici ma traduction française de l’article rédigé par Candace Calloway Whiting qui commente une lettre d’un représentant de SeaWorld. J’ai conservé les commentaires de l’auteure en bleu et ai ajouté les miens en italique :

SeaWorld se défend contre le film « Blackfish »

Après des années de silence à se cacher derrière le rideau d’informations des médias qui se trouve quelque peu proche de la réalité factuelle, SeaWorld a enfin décidé de s’engager dans un débat public sur la question de garder des orques dans des parcs d’amusements. Ils ont tenté d’ignorer le livre « Death at Seaworld » et ont lutté contre le gouvernement fédéral sur la sécurité des dresseurs, mais Blackfish, le film qui fait sensation, va bientôt arriver dans les salles de cinéma américaines – et il ne peut pas être ignoré.

Qu’est-ce que SeaWorld a à dire sur ce documentaire de superproduction ? :

Selon le Vice-Président des Communications de SeaWorld, Fred Jacobs : « Chers critiques de films : je vous écris de la part des parcs SeaWorld. Vous connaissez peut-être le documentaire appelé « Blackfish «  qui prétend à exposer la façon dont SeaWorld traite ses orques et la « vérité » derrière le décès tragique de la dresseuse Dawn Brancheau en 2010. Dans le cas où vous prévoyez de rédiger une critique sur ce film, nous avons pensé qu’il serait bon que vous soyez informés de ce qui suit. Bien que « Blackfish » soit le plus souvent décrit comme un argument émotionnel puissant, il est aussi honteusement malhonnête, volontairement trompeur et scientifiquement incorrect. Comme le défunt sénateur américain Daniel Patrick Moynihan l’a très bien exprimé : vous avez le droit d’avoir votre propre opinion. Mais vous n’avez pas le droit d’avoir vos propres faits. »

Les allégations les plus monumentales et fausses du film sont les suivantes :

« L’insinuation que SeaWorld refait son stock d’animaux avec des orques capturées à l’état sauvage. En réalité, SeaWorld n’a pas recueilli d’orques sauvages depuis plus de 35 ans ; plus de 80 % des orques de SeaWorld y sont nées ou viennent d’autres structures zoologiques. »

« L’affirmation que les orques en liberté vivent deux fois plus longtemps que celles vivant à SeaWorld. Alors que des recherches suggèrent que certaines orques peuvent vivre jusqu’à 60 ou 70 ans, leur durée de vie moyenne n’a rien à voir avec ces chiffres. Ce n’est pas non plus vrai que les orques captives ne vivent qu’entre 25 et 35 ans. Parce que cela fait seulement une quarantaine d’années que nous étudions les orques dans des structures comme SeaWorld, nous ne connaissons pas leur durée moyenne de vie – cela dit nous savons que SeaWorld a actuellement une orque entre 45 et 50 ans, et un certains nombres d’autres orques entre 35 et 40 ans. » [L’orque qui a entre 45 et 50 ans est Corky, capturée dans les eaux Canadiennes en 1969. Sa famille vit toujours dans les eaux autour de la ville de Vancouver.]

« L’implication selon laquelle les orques captives, contrairement aux orques à l’état sauvage, et plus précisément Tilikum (l’orque impliquée dans le décès de Dawn Brancheau) sont régulièrement brutalisées par d’autres orques. Elles vivent selon un système social avec une dominance hiérarchique, à SeaWorld comme à l’état sauvage. Elles expriment la domination sous diverses façons, y compris en utilisant leurs dents pour mordre les autres orques, aussi bien dans l’océan que dans des parcs. »

« L’accusation selon laquelle SeaWorld déchire des familles d’orques. SeaWorld fait tout son possible pour respecter les structures sociales de tous les mammifères marins, y compris des orques. Leur déplacement ne se fait que dans l’intérêt de leur santé et bien-être à long terme. Et contrairement à la séquence mensongère du film, les seules fois où SeaWorld a séparé des bébés orques non sevrés de leur mère étaient lorsque les mères les avaient rejetés. »

« L’accusation selon laquelle SeaWorld maltraite ses orques via des punitions liées au dressage visant à les forcer à des comportements non –naturels. SeaWorld n’a jamais usé de punitions liées au dressage sur aucun de ses animaux, y compris Tilikum, mais seulement à utiliser le principe du renforcement positif (= récompense suite à un bon comportement). Les comportements renforcés sont toujours parmi des comportements naturels aux orques. » [Ne pas nourrir est considéré comme une punition.]

« L’accusation selon laquelle les dresseurs de SeaWorld n’étaient pas correctement informés à propos de Tilikum. Depuis le jour où Tilikum est arrivé à SeaWorld, tous les dresseurs ont été prévenus – aussi bien lors de leur entrainement que par écrit – qu’ils n’étaient pas autorisés à entrer dans l’eau avec lui. D’ailleurs, comme  cela a été largement signalé et traité dans les procédures d’OSHA, Tilikum a toujours bénéficié d’un protocole d’entrainement qui lui était particulier, et seulement les dresseurs les plus expérimentés ont sont autorisés à travailler avec lui. » [Les dresseurs n’étaient pas entièrement informés des précédents décès liés à Tilikum.] (Dawn Brancheau était dresseuse-en-chef, elle a donc le niveau maximum d’expérience en terme de dressage. Si ça lui est arrivé, cela aurait pu arriver à n’importe qui.)

« L’accusation selon laquelle SeaWorld a tenté de modifier l’histoire du décès de Dawn Brancheau plusieurs fois et l’accusant de responsable sur la tragédie. Comme le film le montre lui-même, ce sont des représentants légaux locaux qui ont énoncé le rapport initial selon lequel Dawn serait accidentellement tombée à l’eau. La version de SeaWorld selon laquelle Tilikum avait attrapé la queue de cheval de Dawn puis l’avaient entrainée sous l’eau n’a jamais varié. Et la compagnie n’a jamais accusé Dawn de ce qui s’est passé. (La personne qui le fait dans le film n’est pas un porte-parole de SeaWorld.) » [N’était-ce pas un employé de SeaWorld ?] (Comme expliqué dans le livre Death At SeaWorld, des témoins de la scène ont été choqués de lire dans la presse que SeaWorld avait changé sa version sur les faits de l’accident. L’un d’entre eux a accepté de témoigner publiquement et narrer les faits tels que lui, sa femme et son fils les ont vus : Dawn Brancheau a été tirée par le bras.)

« L’affirmation selon laquelle Tilikum a attaqué puis tué Dawn Brancheau parce qu’il est devenu fou après des années en captivité. Tilikum n’a pas attaqué Dawn. Toutes les preuves indiquent que Tilikum a été intéressé par la nouveauté que représentait la queue de cheval de Dawn dans son environnement et, par conséquent, l’a attrapée et l’a tirée dans l’eau. » [Ceci est contesté, et toutes les preuves indiquent que Dawn a été tirée par son bras, et non par sa queue de cheval.] (De plus, si l’intérêt n’avait été que pour sa queue de cheval, pourquoi Tilikum s’est donc attaqué au reste du corps et a refusé de le restituer pendant 40 à 45 minutes ?)

« Ce ne sont que quelques-unes des déformations les plus énormes présentes dans ce film. « Blackfish » est également mensonger et erroné sur les récits des autres accidents dans lesquels Tilikum est présumé impliqué, sur ce qui s’est passé à Loro Parque, sur les formations et qualifications des dresseurs de SeaWorld, et sur les conditions de vie des orques de SeaWorld. » [En quoi ?]

« Et la liste continue encore et encore… SeaWorld est fier de son historique de préservation des sciences marines et de l’augmentation de la prise de conscience sur l’environnement en général et tout particulièrement sur la cause des orques. Notre but en vous envoyant cette note est de vous faire réaliser que ce que « Blackfish » présente telle une simple réalité est en fait tout l’inverse. Nous ne nous attendons pas à ce que cela règle le débat, mais nous espérons en revanche qu’il en commencera un. Si vous êtes intéressés à en apprendre d’avantage, n’hésitez pas à contacter Fred Jacobs. » [Faites car il le réclame !]

Fred Jacobs
Vice-président, Communications
SeaWorld Parks & Entertainment
Fred.jacobs@seaworld.com

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Sources : Seattle Pi

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  1. Merci d’avoir traduit ce texte, Emmanuelle. On pourrait encore ajouter bien des remarques aux assertions délirantes de SeaWorld, du genre :
    – « Les seules fois où SeaWorld a séparé des bébés orques non sevrés de leur mère étaient lorsque les mères les avaient rejetés ».
    En liberté, aucune mère ne rejette son enfant. Pourquoi le font-elles en captivité ?
    En outre, SW ne parle ici que d’enfant non-sevré. Quand Shouka a été enlevé à ses parents au Marineland d’Antibes, alors qu’elle était déjà presque adulte, sa mère est morte de chagrin quelques mois plus tard. Les liens affectifs sont d’une extrême intensité chez les cétacés comme chez les éléphants ou les grands singes. Toute séparation est une souffrance.

    – « Les orques vivent selon un système social avec une dominance hiérarchique, à SeaWorld comme à l’état sauvage ».
    Ah bon ? Je pensais qu’elles vivaient au contraire dans une société matriarcale extrêmement sophistiquée, où les conflits intra-familiaux sont rares, sinon totalement absents, et se résolvent par la fuite, ce qui est impossible dans l’espace confiné d’un bassin.
    Selon les recherches du NMFS (orques du Pacifique Nord), la société des orques en milieu naturel est généralement fondée sur une première «unité matrilinéaire», constituée de la matriarche, de ses enfants et de ses petits-enfants, c’est à dire au minimum de 5 à 6 individus. Du fait que les femelles peuvent atteindre l’âge de 90 ans en liberté, il n’est pas rare de voir 4 générations se déplaçant ensemble. Ces groupes matrilinéaires sont très stables. Ses membres ne se séparent que quelques heures par jour, pour aller s’accoupler ailleurs ou se nourrir.
    Au deuxième degré, de 2 à 4 unités matrilinéaires de ce type se regroupent pour former un «pod», composé pour sa part d’une vingtaine de personnes.
    Ces pods peuvent se diviser et se séparer durant plusieurs semaines, voire des mois, avant de se retrouver. Le troisième niveau de la structure sociale des orques est le «clan». Il regroupe un ensemble de pods, qui partagent tout à la fois le même dialecte et une lointaine ancêtre commune. Enfin, le stade ultime de l’organisation sociale des orques est appelé une «communauté».
    Il s’agit d’un vaste ensemble de clans qui socialisent et se retrouvent régulièrement, mais ne partagent ni le même dialecte ni d’ancêtre commun
    On le comprend, le type de «sociétés» qu’imposent les delphinariums à leurs prisonniers n’a rien à voir avec ces structures sociétales à ce point complexes.
    Quant à la « loi du plus fort », elle n’est qu’un fantasme de nos sociétés capitalistes, comme le démontre si bien Franz De Waaal dans son ouvrage « L’âge de l’empathie ». http://www.youtube.com/watch?v=OGhrZvGqVms
    On trouve rarement en mer des orques aussi mordues et rossées que Morgan à Loro parque. La captivité rend fou. Ce qui explique le geste de Tillikum (3 victimes bien attestées, et non pas « présumées » !), un rebelle que sa mère n’a même pas eu le temps d’éduquer, tant il fut capturé jeune !
    Bref, SeaWorld ment, comme il a toujours menti et mentira toujours. Il ne cessera que le jour où les gens en auront marre d’assister sans fin au même spectacle cruel et déserteront les gradins.
    Y.
    http://freedolphinsbelgium.wordpress.com/2013/05/25/le-retour-de-lorque-centenaire-pulverise-les-mythes-de-la-captivite/
    http://www.dauphinlibre.be/orques-en-spectacle-sept-bonnes-raisons-de-boycotter.htm
    http://www.dauphinlibre.be/orque-intelligence-cultures-seaworld.htm
    http://www.dauphinlibre.be/Seaworld-et-le-vrai-Monde-de-la-Mer-pour-les-orques.htm, etc.

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