Blackfish

Blackfish

Quand on parle de SeaWorld, on veut bien sur parler du groupe SeaWorld. Celui qui possède 3 sites aux États-Unis et qui possède des orques dans d’autres parcs du monde, notamment Loro Parque en Espagne où est retenue Morgan. Il y a le parc à Orlando, en Floride ; à San Antonio, au Texas ; et à San Diego en Californie.

Le premier parc à avoir ouvert fut celui de San Diego, le 21 mars 1964.
Une de leurs premières orques était Shamu, une femelle. Elle a été la première orque à survivre plus de 13 mois en captivité (imaginez la quantité de captures qui ont dû être organisées pour que le nombre d’orques aux spectacles reste le même malgré les décès des cétacés !). Depuis sa mort en 1971, SeaWorld continue d’utiliser son nom pour faire référence aux orques qui participent aux spectacles. En gros, si vous aviez voulu assister aux spectacles des orques, vous auriez dit « allons voir Shamu dans le Stade Shamu ». Le bassin des orques est appelé le Stade Shamu (Shamu Stadium). Chaque orque-acteur est appelé Shamu, pour le public. Très pratique car si une orque vient à mourir, le public n’en saura rien puisqu’il y aura toujours une orque Shamu aux spectacles !

Une de leurs orques, Tilikum (également appelée Tilly), était un immense mâle de presque 7 m de long et près de 5,5 tonnes. Il était très reconnaissable à ses nageoires pectorales qui faisaient plus de 2 m de long, sa nageoire caudale qui se courbait en intérieur et à sa nageoire dorsale de 2 m de haut qui tombait largement sur son flanc gauche. L’histoire de Tilikum est bien triste…

Il a été capturé en Islande en 1983, quand il n’avait que 2 ans. Il a ainsi été séparé de sa mère très jeune (les orques mâles restent auprès de leur mère toute leur vie).

Le 21 février 1991, Tilikum se retrouve impliqué dans un accident. Une de ses dresseuses, Keltie Byrne, glisse et tombe dans le bassin. Le parc Sealand (dans lequel était retenu Tily) ne proposait pas de spectacles où les dresseurs nageaient avec les baleines. Les deux femelles du bassin ainsi que Tilly ont joué à se balancer le corps de la dresseuse qui a fini par se noyer. Le parc a fermé après cet accident.

Le 6 juillet 1999, le corps d’un homme de 27 ans appelé Daniel P. Dukes est retrouvé sur le dos de Tilikum. Dukes avait visité le parc SeaWorld d’Orlando (où se trouve maintenant Tilikum) le jour d’avant et était revenu au bassin des orques la nuit, en échappant à la sécurité. Le corps montrait de nombreuses blessures et abrasions. L’autopsie a révélé que Dukes est mort d’hypothermie et de noyade.

Le 24 février 2010, Tilikum est impliqué dans un troisième accident dans lequel il a tué sa dresseuse, Dawn Brancheau. L’accident a eu lieu juste après un spectacle. Il y a donc eu de nombreux témoins, même si nous ne savons pas exactement l’étendue de ce qu’ils ont pu voir de l’accident. Brancheau a glissé et est tombée dans le bassin. Avant qu’elle n’ait pu se hisser hors de l’eau, Tilikum l’avait déjà attrapée et l’entrainait sous l’eau. Je suis actuellement en train de lire Death at SeaWorld, par David Kirby, qui part de cet évènement pour décrire le côté sombre de l’industrie SeaWorld. La description en détails de l’accident m’a extrêmement touchée, bien que je connaisse déjà les faits…

Le film documentaire « Blackfish » (littéralement « poisson noir » comme les tribus indiennes désignaient les orques) examine en partie ce tragique accident et montre les conséquences dévastatrices de garder des animaux aussi intelligents en captivité. Le film a été diffusé pour la première fois le 19 janvier dernier au cours du festival Sundance. Il sera diffusé tous les jours jusqu’au samedi 26 janvier. Dès que nous pourrons le visionner sur nos écrans, je vous en ferai part.

Le 22 janvier, le film est racheté par Magnolia Pictures (un distributeur de films américain) et pourra ainsi être visionné dans tous les cinémas des États-Unis. On croise les doigts pour qu’un groupe en fasse de même en Europe et Australie. Certains décrivent ce film comme « le grain de riz qui pourrait faire basculer la roue dans l’autre sens ».

Le film commence donc à cette date, la date du tragique accident, et explique, en revenant sur des faits datant de 40 ans, pourquoi un tel accident est arrivé.

Gabriela Cowperthwaite n’en revient pas que son film ait été sélectionné pour le festival Sundance. Elle en rit en disant « c’est un rêve devenu réalité ! Tout le monde dit ça, mais c’est vrai. Regarder un documentaire, ça peut être nul, ce n’est pas très glamour ! »

Elle a réalisé ce film parce qu’elle estimait que les gens devaient apprendre les conséquences de leurs actes quand ils emmènent leurs enfants dans des parcs marins. « Mon point de vue a changé. »

Dans son récit sur la vie de l’orque Tilikum, Cowperthwaite indique que « les gens ont peur de SeaWorld. […]Quelque fois, les gens acceptaient d’être interviewés, mais anonymement. Mais ils renonçaient toujours, de peur de répercussions »
Les employés du groupe SeaWorld étaient « terrifiés d’apparaitre sur les caméras, en craignant la réaction de leur employeur. »

Y aurait-il une mafia à SeaWorld ? En effet, SeaWorld a beaucoup à protéger. Il est vrai que leur orque phare, le massif Tilikum a causé beaucoup de dégâts à leur image et leur réputation à cause de ces trois accidents. Mais il ne faut pas oublier que Tilly leur a rapporté énormément et vaut lui-même autour de 10 millions de dollars !

Cowperthwaite a gardé ce film très secret jusqu’à sa sortie. Les personnes qui figurent dans le documentaire n’ont même pas eu le droit de le visionner en preview.

Tilikum est décédé le 6 janvier 2017. Il aura passé les dernières années de sa vie esseulé dans un bassin, à ne sortir que pour la grande éclaboussure finale du spectacle ou pour son sperme.